Réduire le gâchis tout en simplifiant la vie des professionnels : c’est désormais un enjeu stratégique pour toute la filière ameublement.
Entre nouvelles obligations réglementaires, tension économique et attentes croissantes des clients finaux, la question des déchets n’est plus un sujet annexe.
Elle devient un véritable levier de compétitivité, d’image et d’innovation pour les distributeurs comme pour les industriels.
C’est tout le sens de la démarche portée par Ecomaison, au cœur d’une économie circulaire construite avec – et pour – les pros.
Cette table ronde, intitulée « Ecomaison et les pros : bâtir ensemble l'économie circulaire », a été réalisée en partenariat avec Ecomaison et organisée par Anne-Laure Bastide, Responsable Communication Opérationnelle DEA – Ecomaison.
Autour du plateau, Vincent Du Granrut, responsable de la filière Ameublement – Ecomaison, et Paul Chavassieu, en charge du déploiement opérationnel des services en Île-de-France, ont détaillé les dispositifs concrets mis à disposition des professionnels.
Le talk était présenté et animé par Jérôme Libeskind, qui a guidé les échanges autour d’un fil rouge : comment rendre l’économie circulaire à la fois efficace, simple et économiquement viable pour les acteurs du meuble ?
Ecomaison, une filière structurée au service de la maison
Organisme agréé par l’État, Ecomaison organise la collecte, le tri, le réemploi, la réparation et le recyclage des produits et matériaux de la maison. La filière ameublement qu’elle pilote atteint aujourd’hui une taille significative : près de 9 500 adhérents en 2024, plus de 10 000 en 2025, qui ont mis sur le marché plus de 2,5 millions de tonnes de meubles et versé environ 330 millions d’euros de contributions.
Cette massification permet de structurer des solutions industrielles, mais elle rend la filière mécaniquement sensible à la conjoncture. Vincent Du Granrut le rappelle : lorsque le marché de l’ameublement souffre, l’équilibre économique d’Ecomaison est également sous tension. D’où l’importance de dispositifs robustes, mutualisés et pensés sur le temps long.
Chaque année, ce sont près d’1,5 million de tonnes de meubles usagés qui doivent être collectées et traitées. Pour y parvenir, Ecomaison ne se contente pas de financer des filières : l’éco-organisme conçoit des services opérationnels adaptés à la réalité des magasins, des logisticiens et des poseurs.
Des services pensés pour les pros : simplicité, proximité, efficacité
L’un des objectifs majeurs d’Ecomaison est de rendre la reprise et la gestion des déchets aussi simples que possible pour les professionnels. Vincent Du Granrut détaille les principaux outils déjà en place pour les distributeurs :
Carte Pro : pour identifier les professionnels et faciliter leurs dépôts dans les points de collecte partenaires.
Bennes ponctuelles ou permanentes : mises à disposition sur site pour les volumes importants.
Système d’information rénové : une plateforme mise à jour en 2024 pour déclarer ses flux, commander des services et suivre ses opérations plus facilement.
La logique est claire : plus le dispositif est fluide, plus les magasins jouent le jeu. L’objectif est de faire gagner du temps, de limiter les coûts logistiques et d’aider les enseignes à répondre à leurs obligations réglementaires, notamment la reprise un pour un, obligatoire à partir de 200 m² de surface de vente.
Réparation et réemploi : prolonger la vie des produits
Au-delà du recyclage, Ecomaison mise fortement sur la réparation et le réemploi, piliers de l’économie circulaire. Là encore, la stratégie est très concrète.
Vincent Du Granrut rappelle que l’éco-organisme s’appuie aujourd’hui sur :
près de 500 réparateurs labellisés sur tout le territoire, capables de proposer des solutions de prolongation de vie pour les produits de la maison ;
environ 600 partenaires de l’économie sociale et solidaire, qui reçoivent les meubles réemployables, les remettent en état si nécessaire et les revendent à prix accessible.
Résultat : environ 50 000 tonnes de meubles sont réemployées chaque année. Ces volumes représentent à la fois une réduction significative des déchets à traiter et un impact social fort, en permettant à des ménages modestes ou à des structures d’hébergement de s’équiper à moindre coût.
Le réemploi en pratique : conteneurs et partenariat avec l’ESS
Sur le terrain, cette logique se traduit par des dispositifs très concrets. Paul Chavassieu évoque notamment les conteneurs maritimes dédiés au réemploi, mis à disposition des distributeurs. Ces conteneurs, fermés et protégés, permettent de stocker les meubles en bon état, à l’abri des intempéries, jusqu’au passage des associations partenaires – par exemple le réseau Emmaüs dans la vidéo présentée sur le plateau.
L’intérêt est triple :
Organisation : le magasin dispose d’un espace dédié, clairement identifié, pour isoler les produits réemployables.
Qualité : le mobilier reste propre et en bon état, ce qui facilite sa revente ou son don.
Ancrage local : magasin et association tissent une relation durable, au service du territoire.
Le rôle d’Ecomaison est alors de faire le lien entre ces acteurs, de cartographier les besoins, d’assurer la cohérence logistique et de financer le dispositif via les éco-contributions. Un travail de « dentellière », comme le souligne Vincent Du Granrut, mais indispensable pour que l’économie circulaire reste locale, cohérente et pertinente sur le plan environnemental.
Les sacs à matelas : un détail… qui change tout
Autre exemple très parlant : les sacs à matelas distribués aux enseignes. Le principe est simple mais répond à plusieurs freins très concrets.
Pour les livreurs, manipuler un vieux matelas après 10 ou 20 ans d’usage n’est pas toujours agréable. Le sac permet de l’ensacher immédiatement chez le client, rendant la reprise plus propre et plus acceptable.
Pour le recyclage, un matelas sec et protégé se traite beaucoup mieux qu’un matelas resté plusieurs semaines dans une benne à la pluie. La mousse et les autres matériaux conservent mieux leur potentiel de valorisation.
Ce dispositif illustre bien la philosophie d’Ecomaison : lever les freins psychologiques et pratiques, à la fois côté client final, côté livreur et côté point de vente, pour augmenter les taux de collecte et de recyclage.
Un levier social, environnemental… et d’image
Si, sur le terrain, les professionnels abordent d’abord le dispositif sous l’angle opérationnel – « Comment je gère mes flux ? Où je stocke ? Qui vient chercher ? » –, les bénéfices vont au-delà.
Comme le rappelle Paul Chavassieu, participer à ces boucles de réemploi, c’est :
un geste environnemental : prolonger la durée de vie des produits, retarder le moment où ils deviennent un déchet, réduire les volumes à recycler ;
un geste social : permettre à des ménages en difficulté, à des foyers d’accueil, à des associations de s’équiper à moindre coût.
Pour les enseignes, c’est aussi un signal fort envoyé aux clients : montrer que la reprise n’est pas une simple contrainte, mais une partie intégrante d’une démarche responsable, alignée avec les attentes sociétales et les engagements RSE de la filière.
Et après ? Couettes, oreillers et mobilier professionnel
Ecomaison ne s’arrête pas là. Vincent Du Granrut l’indique clairement : plusieurs chantiers vont s’intensifier dans les prochains mois, notamment :
le développement de solutions dédiées au mobilier professionnel (banques d’accueil, mobilier de magasin, bornes, etc.) lorsque des surfaces commerciales sont rénovées ou remplacées ;
la structuration de filières pour les couettes et oreillers, un segment en forte croissance, souvent produit en France, et qui doit à son tour entrer dans une logique de collecte et de recyclage organisée.
L’objectif reste le même : proposer aux pros des dispositifs simples, lisibles et économiquement soutenables, tout en augmentant la part de réemploi et de recyclage dans l’ameublement.
En conclusion, l’économie circulaire n’est plus une option pour la filière : c’est un projet collectif en construction, dans lequel éco-organisme, distributeurs, industriels et acteurs de l’économie sociale et solidaire avancent ensemble. À travers des solutions très opérationnelles, Ecomaison démontre qu’il est possible de concilier contraintes réglementaires, efficacité économique et impact positif sur l’environnement comme sur la société.
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Ecomaison et les pros : bâtir ensemble l'économie circulaire