Et si l’hôtellerie durable commençait dès la conception du mobilier ? À l’occasion d’EspritMeuble, deux acteurs engagés partagent leur retour d’expérience autour d’un projet ambitieux. Objectif : prouver que produire en France, en respectant des critères environnementaux et sociaux exigeants, c’est possible.
Cette table ronde, organisée en partenariat avec l’Ameublement Français, a mis en lumière une collaboration exemplaire entre un acteur hôtelier innovant et une organisation professionnelle fédératrice du secteur. Une initiative concrète au service d’un design responsable, pensée dès la phase de conception.
Solenne Ojea-Devys, Directrice Générale d’OKKO HOTELS, et Max Flageollet, Président du groupement Contract & Agencement de l’Ameublement Français, étaient les invités de cette discussion animée par Jérôme Libeskind.
Une collaboration née d’un besoin partagé
L’histoire commence sur un constat partagé. L’hôtellerie, en quête de sens, se tourne de plus en plus vers des pratiques responsables. Pour Solenne Ojea-Devys, cette dynamique est au cœur du projet OKKO HOTELS depuis sa création : « Tous les enjeux RSE, qu’ils soient environnementaux ou sociaux, ont toujours été inscrits dans l’ADN du projet OKKO tel qu’on l’a imaginé avec mon père dès ses débuts. »
Une ambition renforcée en avril 2023, lorsque la marque devient la première chaîne hôtelière à statut d’entreprise à mission. Une transformation structurelle : « Ce n’est pas juste un label. Il faut inscrire sa mission dans ses statuts, modifier sa gouvernance et créer un comité de mission indépendant. »
Pour aller plus loin, l’idée d’un mobilier 100 % made in France germe. Un pari audacieux, qui nécessitait un partenaire capable de fédérer les bonnes expertises. C’est là qu’intervient Max Flageollet, déjà impliqué sur les premiers projets d’OKKO. « Elle m’a demandé si je pensais que c’était possible. Et moi, je voulais prouver que oui. »
Un appel à la filière française
Plutôt que de se limiter à ses partenaires habituels, Max Flageollet a lancé un appel à candidatures à l’ensemble des membres du réseau. « On a consulté toutes les entreprises membres de l’Ameublement Français avec des critères larges : politique RSE, délais, taille, usage des matières… »
Cette sélection exigeante s’est poursuivie par un appel d’offre en bonne et due forme, évalué sur plusieurs axes : respect du budget, exigence de design, durabilité des matériaux, réparabilité du mobilier, et bien sûr, engagement environnemental.
« Il ne s’agissait pas de simplement remplir un tableau Excel. Chaque entreprise est venue défendre son projet. », précise Max Flageollet.
Une méthode de co-conception vertueuse
L’une des clés du succès ? L’esprit collectif. Ce projet a bousculé les habitudes, notamment celles des industriels habitués à travailler seuls. « Il a fallu apprendre à collaborer. Au début, il y avait de la méfiance. Mais on s’est rendu compte que partager un tissu pour plusieurs pièces, par exemple, permettait de réduire les coûts, d’améliorer la réparabilité et d’optimiser les ressources. »
Ce travail de co-conception, mené dès l’amont avec les architectes et les fabricants, a permis de créer deux nouveaux modèles de chambres, qui seront progressivement déployés dans le réseau OKKO HOTELS. Les résultats sont là : « Seize fabricants français impliqués. Du bois massif réintroduit dans la chambre. Une réparabilité pensée dès la conception. Des analyses du cycle de vie réalisées. Un score environnemental à venir pour chaque mobilier. »
Tenir les délais, sans compromis
Si tout semble aujourd’hui fluide, le chemin n’a pas été sans embûches. La temporalité serrée a parfois obligé à des décisions rapides. « Ce n’est pas comme un projet hôtelier classique où on peut repousser certaines décisions. Là, il fallait trancher. », confie Solenne Ojea-Devys.
Des tensions ont également émergé entre les exigences des architectes et les réalités des fabricants. Mais cette approche anticipée a permis de mieux intégrer les contraintes de chacun : « C’est ça la différence : en parler en amont. Prendre le temps au début pour ne pas en perdre à la fin. »
Une preuve de concept… et un modèle réplicable
Au final, les objectifs initiaux sont atteints — et même dépassés. « On n’a fait aucune concession : ni sur le prix, ni sur la qualité, ni sur le design, ni sur le made in France. », souligne Solenne Ojea-Devys. L’équipe OKKO dispose désormais de deux concepts clés en main, prêts à être déployés sur de nouveaux projets.
Mais cette initiative dépasse les seuls murs d’OKKO. Max Flageollet y voit une démonstration à l’échelle de la filière : « On a prouvé que travailler en France n’était pas forcément plus cher. À condition de se mettre autour d’une table, de partager les enjeux, et de fonctionner en transparence. »
Mieux encore, certaines entreprises qui n’ont pas été retenues dans l’appel d’offre ont aussi tiré des bénéfices : « Ça les a obligés à réfléchir à leur offre contract, à améliorer leur organisation, à se révéler. »
Et maintenant ? Aller plus loin
Fort de cette dynamique, les deux intervenants n’ont pas l’intention de s’arrêter là. Le mobilier de chambre n’est qu’une première étape. « Il reste la salle de bain, les terrasses, les bars, les espaces communs… » Autant d’opportunités pour continuer à développer une offre contract française, responsable et compétitive.
Solenne Ojea-Devys conclut avec enthousiasme : « On est partis d’une feuille blanche il y a dix ans. Aujourd’hui, on parle de mobilier 100% made in France. Demain, pourquoi pas un hôtel zéro carbone ? »
Rendez-vous à Troyes le 2 juin prochain pour découvrir l’une des prochaines ouvertures d’OKKO HOTELS — et peut-être, bientôt, les prochaines étapes de cette collaboration vertueuse.
EspritMeuble
Visionner la vidéo de la table ronde : La co-conception pour promouvoir un design hôtelier plus durable
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