20/06/2025
Rencontre avec François, Président Parlons Literie

Depuis près de 20 ans, Parlons Literie œuvre pour défendre la profession et le savoir-faire français. Une soixantaine d’adhérents tels que Epeda, Bultex, Merinos, Simmons, Treca, André Renault, Maison de la Literie, Grand Litier, Compagnie du lit ou Mobilier de France font partie de l’association, et participent à son développement.  Entretien avec son président, François Duparc.

Qu’est-ce que Parlons Literie ?

L'objet de cette association c'est de promouvoir le secteur auprès du consommateur, car la literie est un secteur assez mystérieux pour le consommateur : d'abord parce que le taux de renouvellement de la literie en France est autour de 13-14 ans, ce qui signifie que les gens sont loin des produits pendant une longue période, ils ont donc une connaissance faible du secteur. APL est donc une façon de les tenir éveillés dès lors qu'ils sont intentionnistes et souhaitent changer de literie, en leur donnant les éléments nécessaires pour le faire dans les meilleures conditions.

L’originalité propre à cette association c'est que nous sommes constitués, financés par des acteurs du marché qui sont aussi bien des industriels français, quelques étrangers mais assez peu, des distributeurs, et aussi des fournisseurs, c'est-à-dire tous ceux qui vendent aux industriels du secteur. Nous avons un positionnement très clair sur certaines recommandations. En priorité, de faire la promotion d'acteurs français ou étrangers qui mènent un travail intéressant de valeur ajoutée, de construction du marché, avec une filiale en France, installés sur ce marché pour y apporter des produits de qualité. Par exemple, Tempur est une marque américaine, un acteur important de notre association bien que non français, avec une filiale en France, et qui vend des produits à forte valeur ajoutée.

Nous avons besoin aujourd’hui de défendre cette industrie française qui évidemment voit sa part de marché très attaquée : si 65% de la consommation de literie en France est couverte par les industriels français - ce qui est un très beau score comparé à des produits de grande consommation - nous sommes concurrencés par des pays de l'Est de l'Europe et surtout d'Asie, en particulier de la Chine.

Notre rôle est aussi de dénoncer des conditions inacceptables, de comportements où les produits, sur les sites internet avec des sites comparatifs sont complètement fallacieux, comme ça a été le cas récemment avec Emma, qui a été récemment épinglé par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et condamné.

Nous ne sommes partisans d'aucune technologie, d'aucune marque, ni d'aucun circuit de distribution. Mais il nous paraît important de défendre ceux qui font correctement leur travail et mettent en avant le savoir-faire français. Enfin, nous défendons le fait que dans la démarche d'achat d'une literie, il nous paraît fondamental d'essayer avant d'acheter. Nous sommes tous faits de façon différente, dormons tous de façon assez différente aussi. En outre, les literies sont le plus souvent achetées pour deux personnes, ce qui ne fait qu'amplifier la difficulté. Nous nous positionnons très clairement, en appuyant le fait qu'il est très important d'essayer sans aucun préjugé de technologie et de se confronter au marché pour bien acheter.

Dans quel contexte a été créé Parlons Literie ?

APL a été lancée dans les années 2010 par un certain nombre de leaders industriels et de distribution du marché qui se basait sur la  méconnaissance du consommateur du secteur, qui encourageait les réticences au moment de l’achat. A cette époque, il a été convenu que c'était vraiment le rôle d'un collectif de gérer ça et non pas d'une marque en particulier, qu'elle soit de distribution ou industrielle. En outre, il y avait alors une volonté aussi d'accélérer le marché parce qu’en France, on renouvelle sa literie tous les 14 ans, contre moins de 10 en Europe du Nord. Il y avait là un enjeu important de santé qui nous paraissait intéressant. Notre rôle est plus positionné sur la valeur ajoutée des produits dans lesquels les consommateurs vont investir. C'est-à-dire que lorsqu’un consommateur se met en position d'acheter, nous lui donnons le maximum d'atouts, d'informations pour que ça se passe le mieux possible.

Vous défendez le secteur notamment français. Quelles sont les actions ?

Aujourd'hui, nous avons trois médias sur lesquels nous sommes présents : le site internet de Parlons Literie, où nous mettons des moyens qui, par rapport à notre budget, sont tout à fait significatifs en termes de référencement naturel, d’achat de pubs, d’adware pour être le plus vu possible.

Le deuxième média, c'est les relations presse. Et puis, le troisième levier sont les réseaux sociaux. Par exemple, nous sommes en train de réaliser des vidéos sur les savoir-faire de l'industrie, et en l’occurrence de l'industrie française, et des savoir-faire de la distribution.

Quelle est votre vision du marché de la literie en 2025 et les grands enjeux de 2026 ?

L’année 2025 est un peu plus compliquée pour le marché de la literie, à l'image du secteur de l'ameublement qui, en général, est en recul, dû en particulier aux difficultés du marché de l’immobilier, qui est en régression depuis deux ans et demi.

Il y a donc un lien très fort entre le dynamisme de ce marché et l'ameublement et, en particulier, le secteur de la literie. L'avantage de la literie, c'est que, quand ça baisse, ça ne baisse jamais très fort. Quand ça augmente, ça n'augmente jamais très fort non plus, contrairement à d'autres secteurs de l'ameublement qui ont des fluctuations plus importantes.

Dans les tendances du marché et les enjeux de demain, nous constatons que les produits à forte valeur ajoutée vendus par des spécialistes de la literie ont plutôt le vent en poupe.

De surcroît, la part des spécialistes qui, en France, est à peu près autour de 30% est en constante augmentation. Il s’agit donc d’un aspect tout à fait positif de l'évolution de notre marché, qui traduit le fait que les Français recherchent et achètent plutôt des literies plus qualitatives qu'ils ne le faisaient autrefois. Il y a,malgré tout, toujours un leadership très fort de la grande distribution en France, avec Ikea, Confo et But et Internet est évidemment un canal majeur de notre secteur.

Tout l'enjeu, pour les mois et les années qui viennent, est d’encourager les spécialistes pour qu’ils continuent d'être le fer de lance, la valeur ajoutée du savoir-faire de la profession pour des lits toujours plus qualitatifs qui vont satisfaire encore plus le consommateur.

Enfin, nous constatons qu'il y a également une volonté des acteurs de maîtriser le prisme de leur marché. Ce qui se traduit par le fait que des industriels ou des distributeurs sont de plus en plus intégrés. A Paris, par exemple, vous pouvez désormais trouver des magasins de marques, ce que vous ne trouviez pas il y a 10-15 ans comme Treca, Epeda, Simmons ou encore André Renault. Cette mixité de métiers dans le secteur est un élément nouveau qui, à mon avis, va probablement s'accentuer et qui montre que dans les stratégies des uns et des autres, il y a une volonté de maîtriser au mieux le marché . et de ne pas être dépendant de clients qui, à tout moment, peuvent considérer que vous êtes trop cher, et moins qualitatif.

Pourquoi êtes-vous partenaire d’EspritMeuble 2025 et qu’y trouvent vos adhérents ?

Nous sommes très proches de Gaëtan Ménard, et nous menons régulièrement des discussions pour évaluer la façon dont nous pouvons co-agir pendant EspritMeuble, en amont et en aval. Nous participons à des plateaux TV, nous avons des projets d’action ensemble pour la prochaine édition. Il y a un enjeu d'événement du secteur : un salon reste un événement avec une idée de lieu et de temps qui est toujours intéressant afin de passer ses messages, et montrer sa présence.

Il y a un côté un peu incontournable en termes de momentum. De surcroît, des acteurs du marché qui ne sont pas encore adhérents chez nous seront présents, c’est ainsi l’occasion de nous retrouver dans ces moments-là pour échanger avec eux. Et puis, il y a aussi vis-à-vis de la profession, une façon de montrer notre action et de rappeler au secteur l'importance et l'intérêt de ce collectif. Nous devons convaincre et entretenir la motivation de nos adhérents. Et en ce moment, elle est très forte du côté des industriels notamment sur la défense du fabriqué en France et du savoir-faire français.

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