07/04/2025
Co-living / co-working : au travail comme à la maison

Le télétravail, longtemps perçu comme une exception, s'est imposé comme une nouvelle norme pour une large part des actifs français. Cette nouvelle organisation du travail bouscule les habitudes, transforme les espaces de vie et interroge les professionnels de l’ameublement. Comment aménager un espace hybride qui soit à la fois fonctionnel, confortable et esthétique ? C’est la question au cœur de ce talk organisé sur le plateau de Studio M, lors de la première journée du salon EspritMeuble 2024.

Ce talk a été réalisé en partenariat avec Le Journal de la Maison et a réuni deux voix pour discuter du sujet : Aude Bunetel, directrice éditoriale et diversification du Journal de la Maison, invitée de Jérôme Libeskind, animateur du débat.

Télétravail : une réalité bien ancrée dans les foyers

Dès l’ouverture des échanges, Jérôme Libeskind plante le décor : « Aujourd’hui, près de 30% des salariés français pratique le télétravail régulier. » Un phénomène massif, qui a naturellement fait émerger de nouvelles attentes en matière d’aménagement intérieur.

Aude Bunetel confirme : « C’est une problématique que nous traitons régulièrement. Les gens vont chercher chez eux un confort, une décoration qu’ils n’ont plus forcément au bureau. »

Les jeunes générations sont particulièrement concernées. Plus enclines à télétravailler, elles vivent souvent dans des espaces réduits, notamment en ville. « Avoir une pièce dédiée est un luxe. Il faut donc penser modularité : un bureau intégré dans le salon, la chambre ou même la cuisine, en fonction des priorités comme la lumière ou la surface disponible. »

Concilier confort, esthétique et fonctionnalité

Au-delà de la place, un autre dilemme s’impose : comment conjuguer ergonomie et design ? Le fauteuil de bureau illustre bien cette tension.

« Il faut trancher entre confort et esthétique. Le fauteuil de gamer, très présent pendant la pandémie, n’est pas le plus décoratif. Or, on n’a pas forcément envie de voir son espace de travail trôner au milieu du salon lors d’un dîner entre amis. »

Le bon réflexe, selon Aude Bunetel, c’est le rangement : « Il y a des bureaux escamotables, muraux, transformables en console… Des solutions très pratiques pour effacer l’espace bureau en dehors des heures de travail. » Elle évoque également le concept de flex home office, qui consiste à ne pas avoir de poste fixe : « Je me déplace selon mes envies : table de salle à manger, canapé, lit. À condition de disposer d’un espace de rangement bien organisé pour tout ranger facilement. »

L’industrie du meuble s’adapte à une nouvelle demande

Face à ces nouveaux usages, les marques n’ont pas tardé à s’adapter. « Aujourd’hui, aucune collection ne sort sans une gamme dédiée au télétravail », affirme Aude Bunetel. Des assises plus confortables, des matériaux variés, des meubles multifonctionnels… Les fabricants rivalisent d’ingéniosité pour proposer des produits qui répondent à une double exigence : celle du confort professionnel et de l’esthétique domestique.

Un détail à ne pas négliger ? Le dos du fauteuil : « Lorsque vous repoussez votre chaise contre le mur, elle reste visible. Il faut que son design s’intègre harmonieusement à la décoration. » Un critère désormais bien pris en compte par les designers et les enseignes d’ameublement.

Vers un recul du télétravail ?

Mais alors que tout semblait pointer vers une généralisation du télétravail, Jérôme Libeskind soulève une question clé : « Assiste-t-on à un retour en arrière ? »

Aude Bunetel nuance : « Les accords de télétravail sont souvent triennaux. Ceux signés après les confinements arrivent à échéance en 2024, et les renégociations sont en cours. En France, le télétravail n’a pas été adopté de manière massive. Seuls 30 % des salariés sont éligibles à du télétravail total. »

En parallèle, un certain désengagement des entreprises est constaté : « On a retiré les babyfoots, les cabines acoustiques... Le bureau n’est plus aussi attractif qu’avant. »

Pour autant, des freins persistent au télétravail total : coûts énergétiques, équipements parfois plus confortables au bureau qu’à la maison, isolement… Autant d’éléments qui justifient un retour partiel en entreprise.

« Travailler dans un bureau bien chauffé, bien éclairé, avec un mobilier réglable et ergonomique, cela compte. Chez soi, on ne peut pas toujours reproduire ces conditions. »

Des bureaux qui redeviennent des lieux de vie

Alors, comment les entreprises peuvent-elles motiver le retour au bureau ? Pour Aude Bunetel, l’aménagement des espaces est une clé majeure : « Certaines ont essayé de rendre les bureaux aussi agréables que les intérieurs de leurs salariés. Mais aujourd’hui, la tendance est plutôt à la réduction des mètres carrés. »

Entre confort domestique et équipements professionnels, chacun doit donc trouver son équilibre. Si le télétravail devient plus occasionnel, il n’en reste pas moins structurant dans la manière d’habiter et de travailler.

Conclusion

Cette rencontre a mis en lumière un phénomène durable : le brouillage des frontières entre sphères professionnelle et personnelle. L’aménagement intérieur devient un enjeu majeur, à la croisée des attentes des salariés et des réponses des industriels du meuble. Qu’il soit fixe ou nomade, minimaliste ou structuré, l’espace de télétravail s’impose désormais comme un pilier de l’habitat contemporain. Un défi stimulant pour tous les acteurs du secteur, à suivre de près dans les années à venir.

EspritMeuble

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