Et si l’avenir du meuble passait par sa seconde vie ? Reprise, réparation, écoconception… les initiatives se multiplient dans le secteur. À l’occasion d’EspritMeuble 2024, une table ronde organisée en partenariat avec Ecomaison a mis en lumière des actions concrètes portées par des enseignes engagées, avec un double objectif : accélérer la transition environnementale et renforcer le lien avec les clients.
Animée par Jérôme Libeskind, cette rencontre a réuni quatre experts aux profils complémentaires : Vincent Du Granrut, responsable de la filière Ameublement chez Ecomaison ; Marine Feron, cheffe de projet RSE chez BUT ; Françoise Sourice, responsable du magasin Meubles Sourice ; et Sylvain Guerault, responsable des achats du groupe STF, chacun apportant son éclairage sur les leviers concrets de l’économie circulaire dans l’ameublement.
Une mobilisation de la filière autour du réemploi
Vincent Du Granrut, responsable de la filière Ameublement chez Ecomaison, rappelle l’envergure de l’enjeu : « Ecomaison collecte, recycle, emploie et revalorise près de 1,6 million de tonnes de déchets d’éléments d’ameublement par an. » Il insiste sur le rôle de facilitateur joué par l’organisme, tant auprès des distributeurs que des structures de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Trois axes sont identifiés : l’accompagnement à la reprise des meubles, le soutien aux capacités de traitement des structures ESS, et la montée en puissance de la réparation. « Nous avons lancé un appel à manifestation d’intérêt à hauteur de 3,6 millions d’euros pour soutenir les associations dans leur logistique, la formation, et les outils de réemploi », précise Vincent Du Granrut.
La reprise solidaire comme levier RSE
Marine Feron, cheffe de projet RSE chez BUT, présente un exemple concret : le déploiement de conteneurs maritimes dans une trentaine de magasins pour la reprise de literie, canapés ou meubles. Ces produits ne sont pas destinés au recyclage mais sont confiés directement à des associations. « L’idée était de permettre une seconde vie, via le don à des structures solidaires qui les remettent sur le marché ou les rénovent », explique-t-elle.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche RSE structurée, axée sur la limitation des déchets et l’impact carbone. Mais au-delà de l’aspect réglementaire, l’entreprise souhaite aller plus loin. « Cela a un vrai impact en interne, en termes de sens et d’engagement, et nos clients y sont sensibles. C’est un facteur de fidélisation », souligne Marine Feron.
Parmi les autres projets portés par BUT, l’application Give permet aussi aux clients de s’échanger directement des meubles entre particuliers, renforçant la logique de circuit court et d’économie solidaire.
Réparer plutôt que jeter : une activité valorisée
Pour Françoise Sourice, responsable du magasin Meubles Sourice, la réparation n’est pas une nouveauté. « C’est une activité que nous avons toujours proposée, en parallèle de la rénovation. Nous réparons des fauteuils qui ont parfois une valeur sentimentale plus qu’économique », confie-t-elle. Ancrée dans une tradition familiale de tapissier, l’entreprise de Moncoutant (Deux-Sèvres) met en avant un savoir-faire artisanal au service de la durabilité.
Labellisée par Ecomaison depuis septembre, l’enseigne propose désormais le bonus réparation, financé par l’éco-organisme. « Ce n’est pas encore très connu des consommateurs, mais c’est souvent une bonne surprise pour eux. Et c’est simple à mettre en place : une photo avant, une photo après, et la demande est faite », explique Françoise Sourice. Ce dispositif, en plein développement, sera étendu dès 2025 aux meubles de cuisine et plans de travail.
L’écoconception : vers une boucle vertueuse
Enfin, Sylvain Guerault, responsable des achats du Groupe STF (enseignes Cuisines Morel et Sagne Cuisines), met en lumière une autre facette de l’économie circulaire : l’intégration de matériaux recyclés dans les produits neufs. « Cela fait dix ans que nous recyclons nos matières. Aujourd’hui, nous avons onze matériaux dans notre circuit », précise-t-il. Avec l’appui d’Ecomaison, l’entreprise a mis en place une boucle vertueuse pour le bois : les déchets collectés sont transformés en panneaux, réutilisés ensuite dans les productions du groupe.
Une dynamique que Vincent Du Granrut souhaite étendre : « Nous avons déjà déployé cela sur le bois, et bientôt sur les mousses, plastiques et textiles. L’objectif est de fournir une matière recyclée de qualité aux fabricants. » Si le pourcentage exact de matière recyclée varie selon les fabricants, l’objectif est clair : monter en puissance pour afficher à terme des produits contenant jusqu’à 100 % de matériaux recyclés.
Sylvain Guerault souligne également l’évolution des attentes clients : « Nos clients veulent savoir si on gaspille ou non les ressources. Cette exigence devient un critère d’achat, au même titre que le design ou le prix. » Une sensibilité croissante qui pousse les fabricants à revoir aussi leurs approvisionnements : vernis à l’eau, colles biosourcées ou encore plans de travail à base de coquillages, les initiatives foisonnent.
Une chaîne mobilisée, des solutions accessibles
La table ronde l’a démontré : l’économie circulaire est déjà une réalité dans le secteur de l’ameublement. Elle ne concerne pas seulement le recyclage, mais tout un écosystème allant de la reprise à la réparation, jusqu’à l’écoconception. Et ces dispositifs ne sont pas réservés aux grands groupes.
Vincent Du Granrut conclut par un appel à l’action : « Pour toute initiative de circularité, Ecomaison joue un rôle de facilitateur, que ce soit pour la reprise, la réparation ou l’intégration de matières recyclées. Nous sommes là pour accompagner et simplifier les démarches. »
Des témoignages inspirants et concrets, qui montrent que transition écologique et compétitivité peuvent aller de pair.
EspritMeuble
Visionner la vidéo de la table ronde : Comment l'économie circulaire peut-être vecteur de croissance et de fidélisation ?
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